Secteur 1, celui où je suis née, où j’ai été la cadette… Où je suis toujours la plus jeune de ma famille en réalité, celle surprotégée par son aîné sans qu’elle ne soit mise au courant… Ou bien plus tard. Je ne sais pas tout ce qu’il fait, toutes les conneries qu’il réalise… Je subis juste, plus tard, ou entends tout simplement les ragots… J’ai beau vivre avec lui, il m’arrive fréquemment de le voir revenir dans de sales états… Sans qu’il ne me raconte, sans qu’il ne me laisse l’approcher dans de tels moments… Tout comme lorsque certains de ses amis viennent. Il garde un œil sur moi comme s’il s’inquiétait que quelque chose ne m’arrive…

Plus je m’amusais sur les applications, plus je me demandais comment elles fonctionnaient, la manière dont elles étaient créées, lancées et dès que j’en eu la possibilité je me suis lancée dans ce monde totalement surprenant, ce monde composé de lignes de code et qui permettait aux gens d’avoir sur eux des jeux, des utilitaires et d’autres éléments. J’étais fascinée, je préférais me perdre dans tout ce qui touchait à l’informatique plutôt que me tourner vers ce qui était purement féminin. Mes camarades de classe parlaient maquillage, moi j’étais perdue dans des lignes virtuelles.

Au point d’en faire mes études, de continuer dans cette voie… Au début, j’en créais dans mon coin, je roulais des yeux lorsque quelqu’un me faisait une remarque. Je voulais prouver que j’en étais capable, comme d’autres, que je ne faisais pas ça que pour être remarquée… De toute façon, le métier que je visais n’était que peu reconnu, les développeurs n’étaient que rarement connu du grand public, mais ce n’était pas ça que je voulais. Non. Juste pouvoir faire de ma passion mon métier.

C’est par le biais de celui-ci que je l’ai rencontré. Cet homme que l’on pourrait aisément dire antipathique, qui n’hésitait pas à faire des remarques, à refuser une grosse partie des projets proposés. Il était rare qu’une proposition soit directement acceptée… Je râlais des remarques reçues… Jusqu’où jour où cela changea légèrement, où certaines de celles que je proposais avaient la chance d’être acceptées. J’étais heureuse. Telle une enfant qui était félicitée… Mais cela ne dura pas et du jour au lendemain il n’y eu plus qu’un froid. Une sensation que je détestais, j’avais l’impression de ne plus exister, de ne plus être un véritable être… juste quelque chose de lambda, sans importance. Tout se résumait à des « Acceptés » ou « Refusés », ce qui était… désagréable. Je ne comprenais pas, ne comprends toujours pas… Avais-je fait quelque chose qu’il ne fallait pas ?

Tout ce que je sais, c’est que mon frère avait un rictus amusé lorsque je lui expliquais, presque fier même… Et ça non plus je ne l’appréciais pas. Avait-il quelque chose en tête ? Avait-il fait un sale coup auparavant ? Je n’en savais rien, je n’avais aucune réponse… J’étais… vidée. Tout simplement vide. Et je l’avais regardé quitter notre chez nous, s’en aller, sans que je ne sache ce qu’il allait faire, sans savoir que quelque chose c’était déjà produit.

J’aurais préféré que mon directeur de section continue d’être dur envers moi… J’aurais préféré comprendre tout ce qu’il se passait derrière mon dos… Mais comment cela aurait-il pu être possible ? Alors, pour me défouler, pour oublier ce monde où l’on me surprotégeait tant… Je me suis lancée dans cet univers virtuel, celui dans lequel beaucoup s’aventuraient depuis un moment déjà… Même si je m’y mettais sur le tard, que je ne comprenais pas tout.

(origine fictive)Une vie dans un monde antique et médiéval, un monde emplit de donjons et d’êtres à sauver… Née dans cet univers Aël découvrait des créatures fantastiques au quotidien, n’avait guère d’autres choix que d’apprendre à se défendre face à elle. De la manière forte ou plus douce, ceux de la ville où elle se trouvait n’en avait rien à faire. Non. Le plus important était de survivre, peu importe le coût, peu importe si on devait y laisser sa peau. Alors elle se battait, se mouvait comme elle le pouvait pour se défendre face à des êtres variés, des êtres pouvant attenter à sa vie dès son plus jeune âge… Répondre à la violence par la violence… Jusqu’à se rendre compte que non, il n’y avait pas que cette méthode, que certains pouvaient être utiles autrement qu’en objet, cuir ou autre.

(première matérialisation)Le vent sur la plaine, cet élément que je ressens sur ma peau, cette sensation de liberté, de désir d’en voir plus, cette sensation grisante… Alors que je m’élançais en ces lieux inconnus, que je découvrais simplement cet endroit où je n’aurais personne sur le dos, personne pour me protéger… Où je trépassais pour la première fois également. Pas contre un monstre, pas contre un adversaire que je combattais… J’avais bousculé quelqu’un, une femme, et j’avais à peine eu le temps de me tourner, de m’excuser qu’une lame chauffée à blanc me traversait de part en part… Je n’avais aucune chance, ma vie défila à une vitesse monstre… Et lorsque je revenais dans la vie réelle, que je redevenais Skyler, j’avais envie d’hurler. De douleur, de terreur, d’incompréhension, d’hurler tout ce que je ressentais en réalité autant dans mon monde que celui que je venais de quitter de force…

Mais j’y retournais tout de même… Prenais sur moi… Sauf qu’un goût amer me restait en bouche. Je détruisais petit à petit plus facilement des créatures, j’arrivais à en dompter d’autres, à m’amuser… Tout en ayant envie de lui faire payer. De lui montrer ce que cela faisait de se faire tuer. Me venger… Voila ce que je voulais réellement, voila ce que je souhaitais faire. Alors, j’affrontais tout ce que je pouvais, je devenais plus forte… J’apprenais de mes erreurs, je prenais sur moi quand je finissais à terre pour me relever, frapper, encore et encore…

Tout en m’améliorant en tant que cavalière. Je grimpais dès que je le pouvais sur un équidé ou une wyverne, je me cassais la figure au début, mordais la poussière au point d’en avoir la respiration coupée. Mes premières tentatives de domptage se soldèrent même principalement par des brûlures ou d’autres joyeusetés du genre… Je n’étais pas au mieux de ma forme et pourtant… Pourtant je ne baissais pas les bras, je continuais, encore et encore. Ce n’était pas un petit élément tel que celui-ci qui allait me faire abandonner.

Même si je gardais au fond de moi ce désir, que je tentais de la retrouver, que je faisais des missions par-ci par-là… Je savais parfaitement que j’étais plus faible, du moins au départ… Mais qu’en était-il à présent ? Aurais-je simplement une chance ? Pouvais-je simplement lui tenir tête ? Ces questions qui passaient dans ma tête à chaque instant, à chaque fois que mon épée passait à travers le corps d’un des monstres, que j’en domptais un autre… Étais-je assez forte ? Assez puissante ? Ou me ferais-je mettre en pièces ?

Je n’arrivais pas à rester en place, je prenais note des différents lieux où j’allais, les cartographiais. Je gardais une trace de mon passage. Un automatisme qui me permettait aisément de retrouver tel ou tel donjon, de savoir où je me rendais sans me perdre, sans faire de détours ne servant à rien… Je continuais ma traque également, tentais de la retrouver… Tout en évoluant, en m'améliorant. Je faisais ce que je pouvais tout simplement et j'avais fini par prendre goût à ce monde, cet endroit où était possible... Même l'impossible.